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16 novembre 2017

Lecce, la ville baroque

 

Marcher dans les ruelles du centre historique de Lecce, auquel on accède en traversant Porta Napoli, bâtie à la Renaissance en l’honneur de Charles V, c’est comme entrer dans une boutique remplie de dentelles et de rubans.

Les murs rehaussés de nombre de maisons, l’atmosphère désuète de tant de trésors cachés, l’odeur des venelles de la vieille ville, donnent la sensation que la vraie vie a toujours un parfum d’authenticité, grâce à la magnificence des décorations en pierre.

On reste émerveillé par les frises exubérantes des portails qui, bien que recouvertes de poussière, font montre d’une splendeur inégalée.

Michele et Milena se promènent en amoureux. S’il lui serre la main si fort, c’est qu’il commence à comprendre d’où elle tient ce tempérament affirmé et sincère, caractéristique de cette ville où elle a vu le jour.

Elle lui sourit tandis qu’ils se régalent d’une « bocca di dama », cette pâtisserie qui ressemble à un sein féminin, recouverte d’un glaçage blanc et surmontée d’une cerise confite. Elle lui promet de lui faire découvrir des petits gâteaux typiques de Lecce dont il n’oubliera pas de sitôt la finesse.

Au cours de leur promenade, elle lui montre les superbes façades baroques et le splendide Palazzo Adorno. Les voilà désormais devant la Basilique de Santa Croce, le symbole par excellence du barocco leccese. Véritable pièce maîtresse des maîtres-sculpteurs qui, à lui seul, a valu au chef-lieu du Salento le surnom de Florence du Sud.

 

 

Elle lui raconte que les origines de la ville sont très anciennes, que celle-ci a connu des périodes fastes au cours des époques romaine et du règne de Naples, et que le foisonnant travail de sculpture fut facilité par le recours à un calcaire local dénommé pierre de Lecce. Elle le dit avec tant de fierté que ses yeux s’illuminent.

S’ils se rendent à présent sur la Piazza Sant’Oronzo, le cœur battant de la vie citadine, c’est que Milena poursuit un but précis : elle veut embrasser Michele au pied de la colonne qui sert de socle à la statue du Saint Patron de la ville. En effet, elle avait promis à sa grand-mère que dès qu’elle aurait rencontré l’amour de sa vie, elle se serait empressée de le conduire sous la statue pour que le Saint les bénisse pendant un baiser. Tout comme sa grand-mère avait fait elle avec son grand-père.

Une spectaculaire Piazza del Duomo, sur laquelle donnent la flamboyante façade latérale de la Cathédrale, avec son clocher démesuré ; le Palazzo Vescovile, style Renaissance, et sa loggia d’angle à arches ; ainsi que le Palazzo del Seminario du XVIIIème. Tout dans cette ville captive Michele, qui reste muet de longues minutes, saisi d’admiration devant l’amphithéâtre romain, splendide vestige du IIème siècle après Jésus Christ.

 

Sous le charme, il écoute Milena raconter cette anecdote selon laquelle, toute petite, elle allait se frotter les pieds sur la louve qui campe au centre de la place. Cette même louve qui orne le blason de la ville et que les Romains avaient appelée « Lupiae », car tous disaient qu’elle portait bonheur.

Et tandis qu’ils s’enlacent au pied de la colonne, scellant dans cette étreinte la promesse d’une vie à deux, Milena l’embrasse et lui susurre à l’oreille : <<Lu sule ci te ite, te scarfa!>>,  si le soleil te voit, il te réchauffe.